Cannot take anymore - rsvé.

Sujet réservé à Armani ♥

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Cette même et éternelle rage m'éclata au visage ce matin. Je me levais inlassablement à une heure fortuite. Avec mon travail d'écrivain, mes journées n'étaient qu'errance, tournages de pouces et bâillements répétés. Je n'étais jamais de bonne humeur le matin, je n'étais en général jamais de bonne humeur. Chaque matin, je ressentais ce vide me manger, continuellement, sans répit. Saleté de sentiments. Je n'en peux plus, je me sens vide, inutile. La seule présence qui pourrait me réconforter, et remplir un tant soit peu cet espace, est celle d'Armani. Je la hais, mais elle m'apaise. Enfin, quelques fois.

La journée était passé, étrangement vite. Heureusement, car une fois de plus, depuis deux longues années, la colère, la tristesse, me parcourait comme s'ils jouaient à une course infernale dans mon cerveau. Je ne supportais pas grand chose dans ses moments, et j'avais besoin de quelqu'un, à l'instant précis où je m'énervais contre ma ceinture de sécurité. J'avais besoin d'elle, et ce besoin me dégoûtait. Je rentrais précipitamment chez moi, et la trouvait assise sur mon canapé. Ce qu'elle pouvait être belle, gracieuse, désirable. Prenant mon air indifférent, je passais à ses côtés, tentant de ne pas croiser son regard. Mes doigts effleurèrent ses épaules si délectables, et je me plantais derrière elle, essayant d'observer sa lecture. Seulement, les photos me défilaient au visage, et je ne pus que sentir la haine grimper le long de mon échine. Elle n'avait pas le droit de regarder ces photos là. Celle d'Anna. Elle n'avait pas le droit de connaître mon passé. Non, je ne pouvais accepter de la voir là, à regarder assidument des photos qui me heurtaient à un point inimaginable. Tout ce que je fis, je m'empara de l'album. Mon visage contracté par les vagues de colère qui m'envahissaient, je la dévisageais et froncait résolument les sourcils. J'étais en colère, elle devait l'avoir deviné.

« MERDE TU FAIS QUOI LA. »

Ma voix rauque résonna contre les murs de la maison. Ma première réaction fut de jeter l'album photo sur le mur. Je ne supportais pas qu'on s'introduit dans mon passé. Qu'on me vole mes souvenirs, qu'on sache tout de moi. Et je ne voulais pas que le monde entier soit au courant de ma perte immense. J'avais perdu ma femme, et ce n'était l'affaire de personne, sauf la mienne. J'avais tellement envie de lui crier dessus, de la mépriser à un tel point. Armani, ne me comprenait pas. Armani, me regardait, essayait de deviner mes sentiments. Et je détestais qu'on essaye de me lire. Je la hais pour beaucoup de raisons. La plupart du temps, elle m'exaspère, et elle le sait. Cependant, elle revient toujours, et alors, je ressens comme un soulagement. J'ai peur de rester seul, dans ma grande maison. J'ai peur de la perdre, comme j'ai perdu ma femme. J'ai peur qu'elle ne croie qu'elle ne compte pas pour moi, j'ai peur de le lui avouer. Je suis un vrai trouillard, mais un trouillard qui le cache.

« Pourquoi tu fouines ? Pourquoi il faut toujours que tu mettes ton nez dans des affaires qui ne te regardent pas ? »

Mes questions étaient rhétoriques, et je n'attendais sûrement pas de réponse de sa part. Notre fierté était ancré au fond de nos carcasses, et je me connaissais assez bien pour savoir que moi même, j'aurais fait l'indifférent à une question pareille. Armani, m'interrogeait de son regard azur, et bordel, je détestais quand elle me faisait ça.

« Est ce que je fouille dans tes affaires, moi ? Bordel, tu t'appropries tout. Ma maison, mon passé .. »

Fin de la journée, Armani - comme tous les soirs - se rendit chez Glaw. Inutile de préciser qu'elle s'y sentait comme chez elle, passant souvent ses nuits là-bas. Et pourtant parfois, elle avait l'impression de n'être qu'une étrangère. Comme ce jour-là. Elle était sortie plus tôt que prévu et avait décidé de rendre une petite visite à l'homme qui possédait son coeur. Arrivée là-bas, elle fit le tour des lieux, mais une chose attira son attention. Curieuse de nature, elle ne put s'empêcher de mettre la main sur l'album et de faire défiler les pages. Des visages inconnus, dont elle n'avait aucune connaissance. En y regardant de plus près, elle ne connaissait rien de sa vie, de son passé, de lui. Rien d'étonnant à cela, jamais il ne voulait lui parler de son existence. Quand elle faisait allusion au passé, il se mettait dans tous ses états et c'était impossible de l'arrêter. Evidemment, elle ne restait pas insensible, indifférente. Elle attrapait tout ce qui lui tombait sous la main et lançait ces objets à travers la pièce, espérant peut-être le toucher, l'arrêter. Ce sont dans ces moments-là qu'elle aurait aimé tout laisser tomber et ne plus jamais revenir. Elle n'en avait pas la force. Il avait besoin d'elle et elle sentait qu'elle avait d'autant plus besoin de sa présence. Elle détestait le fait d'avoir besoin de lui sans arrêt, à ses côtés. Et peut-être pour le restant de sa vie.

Il entra dans la pièce et passa à ses côtés, se plaçant derrière elle. Elle sentit ses doigts effleurer ses épaules et ne put contenir un fin sourire. Sourire qui disparut aussi vite qu'il n'eut apparut puiqu'il lui arracha l'album des mains et le jeta contre le mur. Elle fut prise d'un léger sursaut. Elle ne comprenait pas son attitude, cette colère. Elle ne voulait pas, jamais elle n'avait voulu le mettre dans un tel état. Elle ne savait même pas en quoi elle était fautive. Elle ne faisait que regarder quelques photos, n'avait même pas chercher à savoir qui étaient ces personnes. Jamais elle ne l'avait vu dans un tel excès de colère, de haine. Son regard. Elle le détestait pour ça, elle se sentait dévalorisée, elle avait l'impression d'être une inconnue, une personne qui faisait l'objet de sa médisance, de son mépris.

Elle ne put s'empêcher de réprimer sa colère. Il allait trop loin. Il ne voyait que ce qui l'arrangeait, elle ne supportait pas cet air désinvolte qui se dessinait souvent sur son visage, cette indifférence. C'en était trop. Elle voulait lui dire ce qu'elle pensait, ce qu'elle avait sur le coeur. « Tu n'es pas assez curieux pour ça. Tu ne vois que toi. Ouvre un peu les yeux merde ! Tu n'es pas le seul sur cette Terre. Comment peux-tu être égoïste à ce point ? Pourquoi est-ce que tu t'en prends sans cesse à moi ? Qu'est-ce que t'attends pour me dire que je ne compte pas pour toi ? » Il n'avait pas le droit de l'accuser de tels actes. Il l'avait laissé entrer dans sa vie, elle avait pensé qu'il tenait un tant soit peu à elle. A présent elle était sceptique. « Ne dis plus jamais ça, tu m'entends ? Jamais je n'ai cherché à m'approprier quoique ce soit. » Comme à son habitude, elle attrapa un petit vase qui se situati juste à ses côtés, ce vase qui ne manqua pas de le toucher, qui se cogna contre le mur et retomba, brisé. Comme son coeur à cet instant. Il n'était plus question de ses sentiments, il la considérait comme un monstre. Pensait-il vraiment qu'elle ne s'intéressait à lui que pour obtenir ce qu'elle voulait ? Il s'était mis le doigt dans l'oeil. Elle voulait s'en aller et le laisser comme elle l'avait trouvé. Vide, vide de sentiments, plein de haine, indifférent, toutes ces choses qui faisaient qu'elle le haïssait, qu'elle l'aimait davantage. « T'es vraiment qu'un salaud. Je n'arrive pas à criore que tu puisses penser de telles horreurs. Pourquoi faut-il que j'éprouve ces foutus sentiments qui m'empêchent de vivre ma vie et de m'éloigner de toi ? »

Elle valait le coup. La belle Armani, la gracieuse Armani, l'intelligente Armani qui me regardait avec toute son âme. Je m'apercevais que je la blessais, que chaque jour, elle avait sûrement cette envie irréprochable de me quitter, et d'aller voir un autre homme, peut être moins compliqué, ou tout simplement, un homme moins con que moi. Si je l'avais pu, je me serais déjà quitté. Je détestais subitement mon attitude. Je voyais la souffrance, la haine se développer dans ses pupilles délicieusement bleutée. Je me laissais aller à soupirer, passer ma main sur ma nuque. Je devais me calmer, même si je bouillonnais. Trop de cris, trop de vases cassés en moins de six mois. Trop d'amour que je refoulais, que je ne voulais pas admettre de peur de ne la perdre une fois de plus. Qu'elle fasse sa vie avec quelqu'un d'autre, et que je sois ce malheureux spectateur, qu'on appelle "abruti" dans le langage commun.

Inconsciemment, elle me blessait. Elle se permettait de voler mon cœur brisé, de jouer avec lui, de le taquiner avec ses beaux sourires. Elle se permettait de prendre possession de mon passé, essayant de deviner à quel point j'étais heureux, ou qu'elle était le prénom de ma femme. Je ne me calmais pas, et mon pied partit s'écraser contre le mur, ma tête la suivant de près. M'appuyant, comme si j'allais tomber, je sentais cette douleur insupportable remonter le long de mon échine. Qu'elle aille au diable, il fallait que je parle à Armani. Ma voix se posa, soudainement, et je regroupais mes mains pour m'empêcher de frapper quelque chose. Ma maison était rempli de choses fragiles, et à mes petits côtés, un vase gisait, une fois de plus.

« On apprend à être égoïste lorsque sa vie n'est plus vivable. »

J'essayais de cacher toute la détresse de mes yeux, et je sentais les yeux d'Armani parcourant la pièce. Qu'elle ne pleure pas, mon dieu.

« Tu veux savoir, c'est ça ? Tu veux me connaître ? J'ai déjà du mal à me connaître moi même. »

Un silence pesant appuyait ma réplique sanglante. Je soupirais, et me laissait glisser contre le mur, trouvant du réconfort avec mes genoux. Et cette foutue appréhension qui me coupait le souffle. Je ne me sentais pas bien, j'avais besoin d'elle. Mes yeux suppliants pour la première fois de notre relation, je l'implorais de m'écouter, mais aussi de tout oublier ensuite. J'avais besoin d'une conversation à simple sens, où ma simple voix résonnait, sans cri.

« Anna. C'était le nom de ma femme. Deux novembre deux mil six. Le jour de son enterrement. Cinq janvier deux mil huit. Le jour où je t'ai rencontré. Il y a deux jours. Le jour où j'ai failli te dire à quel point j'avais besoin de toi. »

Ces quelques dates modestes me tuaient. Prononcer son nom, parler de son enterrement, je n'en pouvais plus. Pendant deux ans, je me retenais. Pendant deux ans, j'essayais de démontrer au monde entier que je pouvais survivre avec l'aide de personne. Je me trompais lourdement, et j'espérais qu'Armani le comprenait. J'avais besoin d'elle, maintenant plus que jamais.

« Ne crois pas que tu ne comptes pas. Crois que tu m'aides à me relever. Je suis un salop, je le sais. Pars. Si je te blesse, pars. Et ne reviens pas, si tu le souhaites. J'essaierais alors de ne pas m'enfoncer un peu plus que je ne le suis déjà. »